mercredi 20 juin 2007
L'ART EST-IL DE GAUCHE OU DE DROITE ?
Cette dialectique droite-gauche selon laquelle les forces politiques se répartissent géographiquement dans l'hémicycle du palais Bourbon et dans la gestion politique de la société, est-elle la même que celle des forces contradictoires qui me semblent agir en moi, en associant librement sur les termes, comme artiste ?
Les forces dites de gauche sont celles que je ressens comme énergie intérieure, elles bouillonnent en moi et me poussent à la révolte et à la liberté hors de toutes contraintes. Cette liberté qui brise les cadres et les limites veut sortir de cette condition humaine balisée de tous côtés et aspire à une plénitude généreuse et utopique dans un Eden présent et éternel. Cette force tend vers l'idéal. Elle est recherche de l'absolu. Ces forces de "gauche" qui tressaillent en moi sont celles qui demandent à bousculer les choses trop bien établies, elles sont nécessaires pour "faire table rase du passé" et pour aller vers "l'inconnu pour y trouver du nouveau" jusqu'à se libérer de soi-même en préparant le dernier "Voyage".
Elles sont l'expression de l'amour et de la passion qui volent à l'ennui et aux habitudes la succession grise des jours et des nuits. Ce sont elles qui provoquent et exhortent à jouir, au plaisir, à la catharsis purificatrice, qui peut aller jusqu'à la destruction.
Toutes ces transgressions, ces blasphèmes, ces sacrilèges, ces apostasies, contre la rigueur de la loi, contre les limites imposées, sont le carburant de la lutte pour sa propre survie.
Les forces de droite en moi, sont celles de la raison, de la règle, de la Loi et des apprentissages.
Ce sont celles qui président à la mise en ordre de l'espace plastique et de l'espace social. Elles donnent les outils et conduisent le geste en lui permettant de coordonner son désir. Elles sont la méthode. Sans l'apprentissage d'une langue, rien ne peut s'exprimer, les forces de droit donnent les mots et la gramaire, elles domestiquent l'articulation du discours et lui donnent un sens pour qu'il soit compréhensible par les autres. Ces forces sont nourries de l'admiration des ma^^itres anciens, du ressourcement dans la tradition, du respect, de la fidélité à ses engagements et du "refus du mouvement qui déplace les lignes".
Elles nous apprennent le plaisir de comprendre et d'adhérer à une hiérarchie de valeurs et dans cette hiérarchie, de trouver sa place avec humilité dans la suite des générations, la marche des étoiles et à voir le relatif et le moins pire en soi et dans sa présence au monde. Elles permettent aussi de vivre.
Mais elles sont là aussi pour être transgressées, violentées. On peut les prendre "sur ses genoux, les trouver amères et les injurier". Mais il faut qu'elles soient fortes pour engendrer le génie qui les dépassera.
Ces deux forces fondamentalement opposées sont ensemble dans le coeur et dans la tête de l'artiste. Le combat qui se joue tous les jours dans l'atelier est bien celui-là, le grand "bordel" incontournable de soi-même qu'il faut ranger, le plaisir et la souffrance de la mise en ordre sur la toile. C'est le combat de la vie, c'est la quête de l'Harmonie, fille de l'amour et de la guerre, de mars et de Vénus, du confirmisme et de la désobéissance, du contrôle et du laisser-aller, du hasard et de la nécessité.
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